Lazarillo comentario de texto

Printemps et autres saisons de JMG Le Clézio. Éditions Gallimard, collection «Folio».

Extrait :

Heureusement il y a le fils de Madame Truchi. Il habite de l’autre côté de la rue, au-dessus dela boulangerie de ses parents. Il a dix-sept ans, mais il paraît beaucoup moins. Quand je suis venue habiter ici, il a commencé à m’envoyer des lettres. Il ne les mettait pas dans la boîte auxlettres, mais il les laissait devant la porte, quand il savait que j’allais sortir. Sur l’enveloppe, il mettait mon nom : Mademoiselle Zayane. Lui s’appelle Lucien. Il ne va plus au lycée, il travaille dansla boulangerie. Il a déjà la peau très blanche, comme s’il avait transporté de la farine.
J’aime beaucoup sa grand-mère. C’est une vieille dame italienne avec des cheveux teints en noir coiffés enbandeaux. Elle est habillée de noir, avec un col de dentelle et un petit tablier. Avec ses cheveux en bandeaux et son visage ovale, elle a l’air de venir d’un autre siècle, ou d’un tableau. Elle esttoujours douce et souriante. Au début, quand je suis venue habiter à la Loge, j’allais acheter le pain chez elle en rentrant du lycée. Elle me disait : « Signorina ». Quand j’étais malade, elle medemandait de mes nouvelles : « Comment va la Signorina ? »
Lucien m’envoyait des lettres chaque jour, je trouvais ça drôle. Il n’osait pas me parler. Il écrivait des choses bizarres, des poèmes, avec desrimes, il disait que j’avais l’air de venir d’une autre planète, que j’étais du pays d’ailleurs, il disait qu’il voulait apprendre ce que je savais d’un autre monde… Il mettait des points desuspension partout. C’était un peu difficile à comprendre. Quelquefois, quand j’entrais dans la boulangerie, je le voyais au fond du magasin, en short et en chemisette à cause de la chaleur du four.
Unjour, il m’a parlé, il m’a prêté son vélomoteur. C’était un Bébé Peugeot tout ce qu’il y avait de vieux, le modèle avec les carters arrondis, qu’il avait repeint en orange. Il m’a dit : « Si tu veux, je…